Pourquoi peindre l’écriture ?

Le souvenir d’une lettre de ma fille à six ans, au titre bien lisible : « Maman ». Sur la page se succèdent des signes discursifs d’une écriture quasi automatique qui donne l’illusion d’un texte. Une lettre comme un paysage qui s’invente, une lettre comme une invitation au voyage. En bas de la page, la signature du tableau : Raphaëlle. La découverte des premières écritures admirées au musée de Suse en Iran. La connaissance du persan avec ses lettres arabes légèrement modifiées. La connaissance du Hindi étudié à l’Institut des Langues Orientales, avec ses autres signes, son autre rythme, son autre souffle. Et l’étude de la graphologie qui m’a définitivement montré qu’au-delà du sens des mots, la calligraphie révèle ses secrets. L’écriture dans tous ses états a toujours été pour moi une source d’inspiration. Les signes graphiques sont en soi des dessins. Ces traces impliquent un rythme, une respiration qui appellent la couleur. L’écriture fixe la mémoire et le temps, elle se sédimente en une surface plastique qui au bout du compte brouille le message. Ce paradoxe m’intéresse. Il s’agit d’oeuvres sur papier à l’huile et mix-média, cela permet à la matière de jouer librement sur la forme du support, laissant une place importante à l’arbitraire. Peindre la parole Donner des couleurs aux pensées Parler aux yeux Ces trois phrases pourraient servir d’introduction à mon travail sur l’écriture.